Cannabis : peut-on être plus verts? Comment?
Quoi de plus naturel que la culture du cannabis? Pourtant, même avec des procédés artisanaux comme ceux utilisés chez Origine Nature, la plante de cannabis génère des déchets. Pour faire partie de la solution, nous avons mis la main à la pâte afin de développer de meilleures pratiques et ainsi rendre l’avenir de l’industrie plus durable. Voici où nous en sommes.
Lorsqu’il rencontre les dirigeants d’organisations québécoises, Jean-Michel Archambault-Cyr leur propose de jeter un œil à leurs poubelles. Façon inusitée de briser la glace? En réalité, pour le directeur de projets de Synergie économique Laurentides et son équipe, les déchets d’une entreprise ont une grande valeur. « Les déchets sont souvent la porte d’entrée vers la mise en place de plus vastes initiatives d’économie circulaire », précise-t-il.
En créant des maillages symbiotiques entre différents établissements, entreprises, et collectivités, Synergie économique Laurentides contribue à bâtir une économie circulaire et locale. Pour le dire plus simplement, lorsqu’elles échangent des matières résiduelles, de l’eau, de l’énergie ou des ressources (matérielles, humaines et techniques), les entreprises améliorent leur bilan environnemental tout en visant une plus grande compétitivité.
Ensemble pour l’environnement
En 2021, Origine Nature a accepté l’invitation de Synergie économique Laurentides à rejoindre la cohorte de l’un de ses projets. Comme d’autres acteurs de l’industrie du cannabis, Origine Nature a ouvert ses portes à l’organisme afin de trouver des solutions innovantes pour gérer les matières résiduelles issues de la culture du cannabis.
Pourquoi faire front commun avec d’autres entreprises du secteur dans cette aventure? Jean-Michel Archambault-Cyr explique que les entreprises d’une même industrie ont tout intérêt à devenir partenaires dans la quête de solutions d’avenir en partageant leurs connaissances, mais aussi le fardeau des efforts à déployer en R et D. « La réalité de la production de ces entreprises est parfois différente, mais elles partagent des enjeux communs. »
De nombreuses avenues pour les résidus végétaux
La forte réglementation a représenté tout un défi pour les équipes du projet. En effet, on ne dispose pas des résidus du cannabis comme on le veut! « C’est aussi une industrie très jeune qui n’a pas atteint sa maturité, ce qui signifie que tout y évolue très rapidement. » Malgré tout, l’audit des procédés des producteurs de cannabis participants a permis de relever un nombre impressionnant de débouchés.
« Nous avons pu dégager une trentaine de débouchés potentiels pour la plante de cannabis et une quinzaine de débouchés pour les substrats organiques », indique le directeur du projet. C’est donc dire que les entreprises ou établissements auraient un intérêt commercial à reprendre les résidus de la culture du cannabis — tiges, feuilles ou substrats — pour leur donner une seconde vie et faire de ces déchets une matière première répondant à leurs propres besoins.
Ce type de « match » commercial diminuerait l’extraction de matières premières par les entreprises repreneuses et éviterait à l’industrie du cannabis de faire grossir davantage les montagnes de déchets dans les sites d’enfouissement.
Gagnant-gagnant
Nous sommes arrivés aux limites d’un modèle d’économie linéaire où la ressource est extraite, consommée et jetée, fait remarquer Jean-Michel Archambault-Cyr. « L’économie circulaire diminue l’extraction de matières premières, diminue les coûts environnementaux et les GES et encourage l’activité économique. »
Origine Nature et les autres producteurs de cannabis participants en sont à une étape déterminante dans cette aventure : retenir, parmi les débouchés potentiels relevés, les avenues les plus prometteuses pour en étudier la faisabilité sur le terrain. C’est donc une histoire à suivre…